On a parfois l'impression que Natur-Action s'oppose
systématiquement à tout projet?
Natur-Action ne s'oppose pas à tout, c'est une idée reçue que certains diffusent. Nous nous opposons aux
projets les plus absurdes, à l'heure où l'on doit faire attention à la nature, à l'environnement. Des années 90 à 2020, notre ville aura
étendu son emprise de plus de 50% pour une population à peine plus élevée. Ca s'appelle de l'étalement urbain et nous sommes contre cette vision qui consiste à grignotter toujours plus la
campagne.
Vous ne répondez pas à mes messages sur votre
téléphone...
Notre équipe est constituée EXCLUSIVEMENT de bénévoles! (qui ont une vie, des
contraintes, un boulot). Nous n'avons ni salariés, ni secrétaire. Nous ne pouvons répondre systématiquement à tous les appels.
Nous recevons plusieurs appels et mails par jour. Si certains sont réellement intéressants à traiter, d'autres n'ont rien à voir avec les
objectifs de l'association, fantaisistes, situés à l'autre bout de la France...
Certaines personnes appellent plusieurs fois sans laisser de messages ou nous demandent de les rappeler sans
préciser le motif de leur appel.
Nous ne pouvons pas rappeler chaque personne, surtout si nous n'avons aucune précision sur la nature de
l'appel.
On fait comment pour vous joindre
alors?
Après avoir passé des heures à rappeler des gens pour des motifs farfelus ou n'ayant
aucun rapport avec l'environnement, nous avons décidé de ne plus répondre au téléphone.
Celui-ci reste accessible, mais EXCLUSIVEMENT EN
MODE REPONDEUR (et SMS).
Vous pouvez nous envoyer un mail, un sms (pas
de photos par sms, uniquement par mail).
Vous pouvez nous rencontrer lors des permanences un mardi toutes les 6 semaines de 17h à 19h à AGORA 1901.
Si le sujet est urgent et important, laissez un message vocal. Nous ne décrochons pas lors des
appels.
Le mode de contact idéal reste le mail, car celui-ci est distribué automatiquement à tous les
membres du bureau qui seront plus à même de vous répondre.
Je vous ai appelé parce qu'un voisin veut couper un
arbre / agrandir son garage / déplacer un muret... Pourquoi n'intervenez-vous pas?
Notre association n'a pas pour but de résoudre les problèmes particuliers et
personnels.
Nous intervenons sur les dossiers sensibles et COLLECTIFS. Pour les problèmes personnels, nous vous invitons à contacter les associations de
consommateurs.
Nous ne pouvons répondre aux très nombreuses sollicitations particulières... Sauf en cas d'étteinte évidente à
l'environnement: pollution importante, arbre remarquable, etc...
La ville gagne des habitants, où faut-il construire alors?
Nous sommes favorables à ce que l'on appelle le "renouvellement urbain". C'est à dire reconstruire la ville
sur elle-même, mais nous disons "STOP" à l'étalement urbain qui compromet irrémédiablement notre patrimoine naturel. Que laisserons-nous aux générations à venir?
Au lieu de s'étendre dans la campagne jusqu'ici préservée, on peut raser de vieilles barres de garages, de vieux entrepots, pour construire du
neuf en ville.
Et il faut même en profiter pour monter en hauteur. Notre ville a été reconstruite avec des immeubles ne dépassant pas trois étages en
centre-ville, et on trouve des maisons dans les rues immédiates de l'artère principale.
C'était une facilité d'après-guerre, mais une erreur en matière d'urbanisme.
Aujourd'hui, le centre-ville doit pouvoir construire des immeubles de 5 ou 6 étages et même plus sur certains secteurs.
C'est pourtant ce qui a été fait sur les squares Laborde et Delzieux?
Non, sur ces deux terrains, il s'agissait de construire des logements privés sur des squares publics.
Le genre de chose qui aurait provoqué un tollé général dans de nombreuses villes.
Laborde c'était un espace vert. On ne peut pas
raser impunément les rares poumons de notre ville. Pour Delzieux c'est pareil. et dans les deux cas, ces squares ont été volontairement
délaissés pendant de nombreuses années (grillages enlevés, pelouses non entretenues, poubelles, bancs et éclairage délabrés...). Le résultat c'est que le jour où la ville a voulu construire, les gens
n'avaient plus de coup de coeur pour ces espaces laissés à l'abandon. C'est une stratégie politique sur le long terme.
Les nazairiens contestent souvent l'aspect des immeubles construits, vous aussi?
Natur-Action se bat contre l'étalement urbain, et se félicite dès que des constructions se font en ville,
en renouvellement urbain, sauf s'il s'agit de supprimer un espace vert, un square, un jardin public.
Sur l'esthétique des constructions, chacun, y compris dans l'association, a ses opinions, mais ce n'est pas notre souci principal. Les
constructions plaisent à certains de nos adhérents, déplaisent à d'autres. C'est pourquoi nous ne prenons pas position sur le sujet.
Le front de mer, là aussi vous étiez contre cet aménagement?
Non. Natur-Action a toujours été favorable à
l'aménagement du front de mer!
Ce lieu est magnifique et fait l'unanimité chez les nazairiens mais
également auprès des touristes. Il est l'un des rares "front de mer" de France avec des arbres...
Mais cet aménagement aurait dû se faire en préservant les arbres. Des ormes centenaires ont été abattus sur la
première tranche. Un orme est une espèce en voie de disparition qui doit être protégée quand on a la chance d'en avoir en ville. Ce n'est pas nous qui le disons, ce sont les scientifiques du CNRS et
de l'INRA.
Les 7 derniers ormes préservés sur la première tranche ont malheureusement disparu depuis! Laissant des
espaces vides... Nous demandons à ce qu'un nombre identique (au minimum) d'arbres soient replandés aux mêmes emplacements.
L'aménagement d'une dizaine de bars et restaurants, de la plage de Villès-Martin l'été à la place du Commando,
dynamisent et animent ce magnifique espace de promenade.
Vous critiquez les palmiers, c'est beau pourtant, ça donne un aspect
méditerranéen...
Justement, nous ne sommes pas sur les bords de la méditerranée, mais sur les bords de l'Atlantique. Un peu de palmiers c'est marrant, ça change
un peu. Mais au début des années 2000, c'était devenu une obsession d'en mettre partout! Natur-Action a recensé plus de 450 palmiers! C'est un délire!
Aujourd'hui la situation s'est calmée, et la ville a pris conscience de la nécessité de planter des espèces locales: on trouve ainsi des chênes verts sur la place du
Commando et avenue de la République.
Un palmier n'apporte rien en matière environnementale. Les oiseaux ne viennent pas y nicher. Dans le sud, les villes et villages préservent leurs magnifiques platanes pour en
faire des lieux de rencontre ombragés. N'oublions pas que le réchauffement climatique est en marche. Même si celà ne se sent pas forcément, chaque année, la température augmente, le
désert avance et les ressources en eau diminuent.
Mais si on coupe un arbre c'est qu'il est malade?
Normalement c'est ce qui devrait se faire. Bien que, un arbre malade peut très bien rester en place encore des années. On a vu des arbres
malades qui tiennent très bien, et des arbres sains tomber sous le coup d'une tempète. Ca ne peut donc pas être un argument de sécurité, c'est très aléatoire.
Malheureusement certains arbres coupés à Saint-Nazaire ne sont pas malades!
On nous explique qu'il y a des champignons. Mais leur présence ne signifie en rien que l'arbre est malade au
point de tomber prochainement.
Vous travaillez avec la mairie de Saint-Nazaire désormais.
Depuis 2014, nous constatons un réel changement de la part de la mairie concernant
Natur-Action.
Plutôt que de s'affronter en permanence, les deux parties ont compris qu'il était plus raisonnable et plus
bénéfique de travailler en bonne intelligence.
Aujourd'hui, Natur-Action a de bonnes relations avec les espaces verts et
certains services. Nous essayons de dialoguer, de négocier sur certains abattages prévus.
Notre surveillance de tous les instants du "chemin côtier" pour lequel plus de 10 millions d'euros d'argent
public ont été investis, se fait en étroite collaboration avec La Carène. Notre asociation n'hésite pas à porter plainte contre les abattages sauvages d'arbres.
Que pensez-vous du "parc paysager"?
Ce magnifique parc, créé après guerre, est aujourd'hui en mauvais état. De nombreux arbres sont abattus chaque année, et il est urgent de penser
à une restructuration globale si nous ne voulons pas le voir disparaitre dans 15-20 ans!
Tous les grands peupliers qui le bordent sont aujourd'hui à la limite de
la rupture. Certains cassent ou tombent lors des coups de vent.
Nous souhaitons, plutôt que de voir un jour une coupe
générale des arbres, et donc un massacre esthétique du parc, travailler sur un plan de replantations qui pourrait s'étaler sur 15
ans.
En replantant par tranches, l'aspect général du parc serait préservé. Les premiers arbres replantés auraient,
au bout de 10-15 ans, déjà une belle allure.
Il faudra aussi repenser totalement les espaces de jeux, aujourd'hui à l'abandon.
Concernant le "ruban bleu", vous êtiez contre ce projet?
Natur-Action ne s'est jamais prononcée contre le projet du "ruban bleu" (2006-2008). Nous avons réagi et
protesté contre l'abattage d'une centaine de magnifiques platanes sur les places Marceau et Allende. Pour le reste, c'est un projet
commercial de renouvellement urbain, et il vaut mieux voir des commerces s'installer en ville plutot qu'à la campagne sur des espaces encore vierges. Comme pour l'esthétique des immeubles, ce n'est
pas notre souci, même si chaque adhérent de Natur-Action a une opinion favorable ou défavorable.
Une charte de l'arbre pour St-Nazaire, vous y pensez?
De nombreuses villes de France, de toutes tailles et de toutes tendances politiques, ont adoptées une "charte de l'arbre". On peut y lire
notamment que, dans tout projet urbain, il faut préserver au maximum les arbres en place.
Lors de travaux, les tranchées doivent se faire à plus de 1,50 m du tronc, les troncs doivent être
protégés, les racines ne doivent pas être mises à nue, et si par malheur celà arrive, il faut immédiatement les protéger avec de la paille et de la terre fraiche, surtout pas de
graviers.
On y lit aussi qu'il est interdit de déposer des objets lourds à leurs pieds, de faire passer des engins de chantier à moins de deux mètres, que
tout élagage de branche de plus de 10 cm de diamètre doit faire l'objet d'une autorisation spéciale, qu'avant chaque chantier, un inventaire précis des arbres doit être réalisé, que les entreprises
doivent signer la charte, avec des astreintes financières en cas d'infractions.
Aujourd'hui, bien qu'il n'y ait toujours pas de charte de l'arbre (mais
nous souhaitons convaincre la mairie d'en adopter une), de gros efforts sont faits notamment sur les chantiers publics. Les arbres sont mieux protégés.
Malheureusement au niveau des constructions neuves, les promoteurs
négligent encore très souvent ces mesures. C'est pourquoi il faut rapidement mettre en place cette charte et leur opposer.
2019: La ville annonce la mise en place d'une "charte de l'arbre". Nous
ne pouvons que nous en féliciter!
Vous avez toujours votre projet de forêt urbaine?
Oui. C'est important pour le futur. Le nouveau maire vient de rappeler début 2016, qu'il souhaite toujours voir la ville atteindre les 80 000
habitants (70 000 aujourdhui).
Comme on l'a dit plus haut, il ne faut plus d'extension urbaine! Il faut
profiter des espaces libérés en ville.
Alors il est aussi dans l'intéret de la ville de protéger un territoire pour y créer une forêt urbaine... Celà
ne veut pas dire un sanctuaire interdit d'accès, mais un lieu naturel, protégé avec des activités douces (balades, sensibilisation à la nature, vergers, jardins, plans d'eau..)
Si la ville nous dit "on la fait", et même si la taille retenue est un peu moins importante, pas de problème!
Cette fôret ce n'est pas pour nous, ni pour les élus actuels, mais pour nos enfants, pour dans 20 ans. Nous n'avons aucun intéret personnel et
immédiat à en retirer.
En dehors des actions pures, que faites vous?
Natur-Action développe depuis de nombreuses années, des actions de sensibilisation à l'environnement: nous
organisons des sorties vélo afin de découvrir les beautés naturelles de notre ville et des alentours, nous mettons en place des opérations de
ramassage des déchets sur les plages notamment, depuis 2015, nous avons un atelier de fabrication de nichoirs, installés ensuite à
travers la ville, fin 2015 nous avons planté (symboliquement) un premier arbre avec les enfants... mais l'association répond aussi, dans la mesure de ses possibilités, aux sollicitations d'écoles,
d'associations...
D'autres projets d'envergure sont au programme dès 2020, comme la mise en
place d'une "compensation carbone" au niveau local.
On a l'impression que vous vous opposez moins à la ville?
L'opposition systématique qui était de rigueur aux
origines de l'association, du fait notamment du refus régulier de la mairie de discuter ou négocier sur les dossiers, est révolue. Aujourd'hui nous sommes des
interlocuteurs crédibles que ce soit auprès de la ville, de La Carène ou de Silène.
Nous conservons intacte notre capacité d'action et de protestation (d'ailleurs Natur-Action a toujours
refusé toute subvention publique), mais il est clair qu'aujourd'hui, la ville, la Carène et Silène font de gros efforts en matière d'environnement.
Tant mieux, nous n'allons pas nous en plaindre, et, il est évident que nos actions répétées depuis 15 ans n'y
sont pas pour rien!
Il est plus utile d'avancer ensemble et de trouver des solutions
acceptables que d'aller systématiquement sur un affrontement stérile.
Les équipes municipales ont changé et sont beaucoup plus ouvertes au
dialogue, elles ont compris qu'il s'agissait d'un intéret commun.
Vous êtes contre le parc éolien en mer?
Que ce soit clair: Natur-Action est CONTRE LE NUCLEAIRE. C'est dans les
gènes de l'association.
Concernant le parc éollien et les éoliennes, OUI nous y sommes favorables. Il est urgent d'accélerer dans les
énergies renouvelables. Celles-ci ne peuvent se faire sans un minimum d'inconvénients... Qui restent très faibles par rapport au nucléaire!
Pour le parc éolien en mer, nous étions opposés à l'atterrage des câbles à haute tension par la plage de la
Courance, fréquentée par les nazairiens, les surfeurs et dont le sable est très sensible aux tempêtes hivernales, provoquant des risques de mise à nue des câbles haute tension.
Nous avons proposé une alternative en passant par l'estuaire jusqu'aux pieds du pont, puis en passant par les
zones industrielles.
Quels points positifs avez-vous remarqué?
Ces derniers mois, on notera la volonté de la ville de créer une "charte
de l'arbre", comme nous l'avons demandé depuis longtemps, la volonté de réduire les surfaces à urbaniser dans le prochain PLUI à venir, l'arrêt de l'utilisation de produits
phytosanitaires, la création d'espaces naturels dits "gestion différenciée" notamment sur le parc paysager, la mise en place de composteurs, de "bacs à marée", la réduction des nuisances lumineuses,
avec la mise en place progressive d'éclairages à LED, la création à Kerlédé d'un "chemin de la biodiversité", la suppression des pelouses en
plastique entre le pont de la Matte et le rond-point de Certé, etc...
La ville et la Carène sont sur la bonne voie. Nous ne pouvons que nous en
féliciter tout en restant attentifs.
On notera aussi le "verdissement" de Méan-Penhoët en
2022.
La nouvelle entrée de ville par le boulevard de l'Atlantique avec plus de 490
arbres plantés depuis 2020, et des milliers de plantes vivaces...
Les projets de square à la place du parking du marché, la volonté de
végétaliser les rues Jean Jaurès, Géo André, Albert De Mun, autour des halles, de créer un grand parc boisé entre la gare et l'ancien Lidl du port...
Et des points négatifs?
Il en reste encore c'est évident. Comme l'absence (même si des projets
sont en cours) d'énergies renouvelables sur le secteur. On peut imaginer 1 ou 2 éoliennes et des panneaux solaires systématiques sur la zone de Brais... qui pourrait aussi ne plus
être éclairée la nuit ou partiellement.
Les grands quais du port sont aussi des lieux qui devraient accueillir de nombreuses éoliennes jusqu'à Donges,
comme le font de nombreux ports dans les pays nordiques.
Les abattages d'arbres, bien que le plan annuel nous soit
présenté et que la grande majorité des destructions soient justifiées (arbres morts, malades, réellement dangereux...), présente encore trop d'abattages "de
confort", par exemple pour ne pas gêner une ligne électrique alors que nous préférerions le déplacement de poteaux.
© NATUR-ACTION 2009-2023 - mise à jour le 8 JANVIER 2023